mardi 7 juin 2011

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Il est de ces hommes qui semblent fort peu se soucier de la réalité terrestre : ses yeux pâles survolent l'assemblée sans jamais s'arrêter sur un point précis, aussi lisses qu'un miroir qui ne révélera jamais sa profondeur, et son large front blanc abrite mille pensées vivaces qui tourbillonnent sans fin, jusqu'à ce qu'une de ces flèches acérées ne se détache de la foule, assez digne pour rejoindre le monde sonore et atteindre les oreilles des disciples naïfs.
Si bien qu'il a cet air éthéré propre au poète, et décuplé par ce physique si proche des anges. Il est rare qu'il s'anime bien qu'il semble avoir été fait pour les passions tendres de l'amour; ses sourires, légers et amusés de la naïveté de nos propos, sont aussi rares que ses rires.

samedi 4 juin 2011

Fin

C'était l'histoire d'une passion. Quelque chose de court et puissant qui revenait cycliquement. Elle jaillissait soudainement après une disparition brusque et pourtant discrète. Se métamorphosait et s'implantait brusquement. Elle apportait malheur et volupté. Souffrance et espoir. Elle était en fait mauvaise, même si lorsqu'elle était là, elle n'était que délices. Elle n'obéissait qu'à une règle : elle ne vivait qu'un an avant de s'arracher de son hôte. Pourtant, un jour, son destin fut différent. Un jour elle eut la possibilité de rester pendant deux ans. Nul ne sait ce qu'il advint alors. Mais la douce et amer mélancolie qui rempli son hôte ce jour là est toujours gravée au fond de son coeur. Un rien avait suffit à détruire une joie qui semblait indestructible. Elle s'était appliquée, avait découpé un morceau d'elle-même pour le coller dans un texte. En retour, elle ne reçu rien. Rien d'extraordinaire. Quelques phrases qui lui semblaient si vides, plates, comme s'il n'avait rien senti de ce qu'elle envoyé. Il n'y avait pas lieu de s'effondrer. Pourtant ce fut comme si elle avait ouvert son âme pour la montrer à l'homme et qu'il avait tourné le dos. Était-ce réellement ce coup qu'elle attendait avec peur et espérance depuis le début de la passion ? On ne peut le savoir, mais elle le ressenti ainsi. Pourtant, elle se décida à le poursuivre. Elle s'engagea pour une deuxième année.
Ce qui l'habita alors est indescriptible. Honte, peur, amertume, mélancolie, amour, désir, fatigue. Plus rien n'existait mis à part cette chambre et cet échange. Elle était lasse. Elle regarda ce qu'il lui restait de cette année et ne trouva que des souvenirs déjà à demi effacés. Des restes amers qui se perpétueraient. Des joies qu'elle ne retrouverait plus. Elle passa devant le bon mot de Cyrano, retrouva confiance avant de comprendre qu'il lui prédisait le futur : rien de ce qu'elle faisait n'était utile ou voué au succès. Elle n'avait que des échecs. Elle était inutile. Elle eut l'idée d'en finir magistralement pour être belle et émouvante une fois. Elle ne savait pas exactement comment, car elle n'avait rien et seul le ridicule semblait devoir accueillir ce qu'elle voulait en poursuivant sa passion. Alors elle laissa un message.
Il y avait peu de vent et le soleil l'aveuglait. L'été, dans son exagération était tout aussi triste qu'elle. Trop qui menait à la beauté. Sur son balcon elle ne voyait que de la lumière. Elle n'a plus de souvenirs de ce jour. Mis à part que la chute fut fraîche et le goudron chaud.